© 2019 www.peut-on.com |
Le vol 111 |
It is not the answer that enlightens, but the question. Eugène Ionesco Ce n'est pas la réponse qui illumine, mais la question. Connaissez-vous le point commun entre la bêtise, l'intelligence et l'amour ? Le vol 111 de la Swissair du 2 septembre 1998 en est une parfaite illustration. Voilà un avion récent, très bien entretenu, effectuant une banale liaison entre New York JFK et Genève avec à son bord 229 passagers et un équipage dévoué et expérimenté. Le commandant de bord : U. Z., 49 ans, 10800 heures de vol dont 900 sur MD-11. Le copilote : S. L., 36 ans, 4800 heures de vol dont 230 sur MD-11. Personnel de cabine : 12 personnes. Cette compagnie, cet avion, son équipage respectaient scrupuleusement toutes les règles de sécurité de l'OACI et bénéficiaient donc du meilleur de l'expérience humaine dans un voyage de routine comme d'autres centaines d'avions chaque nuit qui traversent l'Atlantique Nord. Sans rentrer dans les détails techniques des causes qui vont provoquer un incendie à bord (systèmes vidéos individuels pour passagers utilisant des matériaux non conformes à la protection contre le feu), dans le plus grand respect des procédures d'urgences et avec toute la compétence d'un équipage possédant plus de 15.000 heures de vols forgé par un système de savoir-faire constamment élaboré par des experts dans le domaine aérien, ce soir là l'Homme et son savoir vont passer à côté de l'essentiel : le bon sens. Quand il y a le feu, il y a le feu ! Au lieu de cela, cet équipage va prendre son temps pour passer en revue, lire et appliquer les consignes de sécurité en cas de feu à bord. Assisté par un contrôleur aérien de l'aéroport d'Halifax (le plus près lors du sinistre), il va avoir l'opportunité de faire une route directe pour atterrir au plus vite (en moins de 20 minutes) et peut-être sauver leur vie et celle de leurs passagers. Le rapport d'enquête-accidents va mettre en avant la sagesse de ce contrôleur dans ses échanges avec l'équipage, lui laissant tout son libre arbitre... ayant compris toute la gravité de la situation bien avant ses interlocuteurs... Non, il va d'abord perdre 5 minutes précieuses avant de se dérouter sur Halifax, ensuite calculer la masse maximale de l'avion pour vérifier qu'elle n'était pas supérieure au maximum autorisé (l'avion n'avait que 2 heures de vol et ses réservoirs étaient encore bien remplis de kérosène). Enfin il décide de faire des "ronds" au-dessus de l'océan pour vidanger les réservoirs... il leur reste moins de 5 minutes à vivre. Avec la plus grande expérience, dans le plus grand respect des consignes et règles, nous avons précipité 229 personnes vers une fin inéluctable. La boucle était bouclée, nous avions atteint les limites d'un système sensé produire des solutions, de la qualité, mais nous avions oublié l'essentiel : le bon sens. Depuis, un certain nombre de règles de sécurité ont été changées au sein de l'OACI. Gardons foi dans les Hommes et leur bon sens, aucun système ne pourra les remplacer. Connaissez-vous le point commun entre la bêtise, l'intelligence et l'amour ? ... ils n'ont pas de limite... Vous ne verrez jamais rien de pire que vous-même. Proverbe Zen. Eshin. L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer. René Char |